Région Ile-de-France - SEMAEST
Adresse
17-19 rue des Taillandiers 75011 Paris
Programme
Réhabilitation des façades
Restructuration de la cour
Aménagement d’une salle polyvalente et d’un C.D.I.
Réhabilitation des logements de fonction
Surface concernée
1 110m2
Coût
1,7M€HT
Livraison
novembre 2002
Architectes
Olivier Boiron et Jérôme Villemard assistant - BET : SLI
Photographie
Arnaud Rinuccini
Il faut découvrir le lycée Paul Poiret : une simple façade à la géométrie austère et rigoureuse le signale sur la rue des Taillandiers, ruelle située au cœur du Faubourg Saint-Antoine, quartier laborieux et animé de l’est parisien. Le soubassement de la façade est maintenant enveloppé d’une fine maille d’inox et de dispositifs occultant mobiles qui suggèrent une « nouvelle vêture » pour le Lycée de la Mode.
Passé le porche, le visiteur découvre une petite cour entourée de plusieurs corps de bâtiments d’époques et de caractères variés dont une étonnante façade tramée de panneaux en aluminium. Les panneaux, industrialisés, ont été conçus et mis au point par Jean Prouvé lors de la collaboration avec la CIMT. On peut en admirer le dessin, en profitant du calme et de la quiétude de la cour du Lycée. L’établissement scolaire manifeste un projet d’enseignement dynamique, et n’hésite pas à investir les possibilités ouvertes par la mise en valeur d’un cadre bâti de qualité et la volonté commune de rénover les façades de l’établissement.
Le lycée a été fortement restructuré et rénové au cours de phases successives de travaux dont la maîtrise d’œuvre a été assurée par deux équipes distinctes. Une première phase de travaux, dirigée par l’Architecte Olivier de Certeau, a consisté en la rénovation des locaux scolaires. Une deuxième tranche de travaux, plus spécifique, sous la responsabilité de l’Atelier Boiron Architectes et du bureau d’études SLI, concernait la rénovation des façades et de la cour ainsi que le réaménagement du bâtiment sur rue qui abrite les services administratifs et les logements de fonctions. L’aménagement d’un centre de documentation et d’une salle polyvalente faisait aussi partie du programme.
Les façades légères de Jean Prouvé
Les panneaux couvrent la hauteur d’un étage : environ 3,50 m et se développent en largeur sur un module de 1,75 m qui correspond à la demi-trame du gros œuvre. Le panneau « sandwich » est composé successivement d’une tôle nervurée d’aluminium Cegedur 121 pour sa face extérieure, d’une isolation thermique en polystyrène collée en plein au moyen d’une colle foisonnante et d’un contreplaqué okoumé pour son parement intérieur.
La cohérence structurelle du panneau est assurée par un cadre en acier qui fournit toute la raideur et la rigidité nécessaire à l’ouvrage. Ce cadre est également le support des pièces de fixation et de réglage. Chaque panneau vient en recouvrement du panneau de l’étage inférieur. En partie supérieure, il est suspendu par un crochet à une cornière en acier fixée en rive de dalle. En partie inférieure, une pièce de blocage verrouille le panneau. Les panneaux pouvaient être assemblés à raison d’un étage par jour en commençant depuis le bas de la construction. Chaque panneau est pourvu d’un châssis vitré en aluminium qui comporte une partie ouvrante. Le système « à guillotine » est commandé au moyen d’une manivelle qui actionne un axe à ressort, l’axe entraîne des engrenages qui font monter et descendre la crémaillère qui supporte la glace.
La décision d’une rénovation des façades a nécessité un diagnostic des ouvrages initié par un relevé presque archéologique de la façade du fait de la complexité et de la richesse des mécanismes qui assument visiblement la passion de l’Ingénieur pour l’industrialisation de la société d’après-guerre, au travers les trains et les voitures, et une activité plus ancienne de serrurier.
Les rencontres successives avec la Galerie Patrick Seguin, Madame Catherine Coley et Monsieur Jean Masson ont été déterminantes pour la compréhension de la mise en œuvre du panneau.
Le projet de rénovation de la façade accumule plusieurs objectifs qui définissent un programme précis d’intervention sur les ouvrages existants.
L’absence de résistance au feu des façades ne pouvait dans un environnement scolaire rester en l’état. Le panneau existant est doublé à l’intérieur de la classe par une allège en carreau de plâtre solidaire de la dalle qui valide la contrainte réglementaire de C+D, un bourrage en laine de roche calfeutre le joint entre les deux ouvrages qui restent indépendants.
La rénovation du panneau proprement dit reposait sur deux préalables : le panneau devait rester en place, un démontage aurait « condamné » l’ouvrage ou nécessité des moyens largement au-dessus du coût d’objectif du Maître d’ouvrage ; le caractère monobloc d’un panneau « sandwich » imposait la conservation des parements d’origine, intérieurs et extérieurs.
Sur la face intérieure le contreplaqué très dégradé par endroit a été préparé par ponçage et rebouchage le cas échéant. Le contreplaqué devient le support pour l’application par collage d’un panneau stratifié à véritable placage bois (produit OBERFLEX / épaisseur totale 1 mm). Par souci d’unité, l’allège en carreau de plâtre est habillée de lambris finis au moyen du même panneau à plaquer.
Les parements et menuiseries en aluminium ont été expertisés par Monsieur Jannier de la société PAUMECA. Les résultats ont confirmé la faible anodisation des ouvrages tant pour la tôle que pour les profils des châssis, l’encrassement des ouvrages restant habituel en l’absence de nettoyage et d’entretien.
Un échafaudage complet a été monté le long des façades. Tous les mécanismes des châssis ont été vérifiés. Le démontage et le remontage des crémaillères étaient prévus au moment du remplacement du vitrage des parties ouvrantes par un verre feuilleté. Le bandage des ressorts de contre-balancement a été effectué au cas par cas. Les joints textiles des coulisses de guidage ont été remplacés. Tous les encadrements de châssis ont été démontés pour un traitement en atelier avant retour sur le chantier. L’entreprise CPA, en charge des travaux, a avoué se trouver confrontée à un puzzle difficile mais dont l’ingéniosité et le savoir-faire la surprenaient.
Les opérations de dégraissage et de décapage de la façade ont été mises en œuvre à l’aide du produit TREAMCLEAN E de la société TREMCO (produit homologué par l’AMRAL). Le nettoyage a été suivi d’un rinçage abondant puis d’un séchage. En finition l’application d’un « polish » de protection (POLISH S de la société TREMCO) fut préférée à un vernis. Le « polish » protège l’aluminium de la pollution en retardant son dépôt et son application se renouvelle en entretien de la façade.
Le mur rideau surplombait un ensemble de portes qui ne répondaient plus au programme du Maître d’ouvrage pour le rez-de-chaussée du bâtiment : un centre de documentation et une petite salle polyvalente. L’expression de cette partie d’ouvrage, neuve, est simple et dépouillée : de grands pans de verre coulissants répartis régulièrement suivant la trame structurelle et géométrique de la construction. Le dallage de la cour, en granit sombre, complète le dispositif en formant un socle pour les bâtiments du lycée qui découpent de grands aplats monochromes tout autour de la cour.
Les études préalables et le chantier du Lycée Paul Poiret furent une expérience marquante, caractéristique des nécessités qu’impose aujourd’hui la rénovation d’un patrimoine « vivant » et « en activité ». Elles conduisent à une démarche attentive qui prend en compte les qualités et les particularités de chaque « situation » et refuse tout à priori de « style ».